Amicale du Réseau Caritas-France

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Maison de repos pour les prêtres en difficulté

Jean Mignot nous partage cet article paru dans Famille Chrétienne, sur un établissement peu connu, qui a fonctionné de 1966 à 1980.

 

Abus sexuels : quand l’Église soignait les prêtres pédophiles dans ses cliniques

Entre 1965 et 1985, deux établissements gérés par les évêques et le Secours catholique ont accueilli des prêtres en difficulté, dont des pédophiles, afin de les soigner puis de les réinsérer. Récit d'une histoire oubliée à la veille de l’assemblée plénière des évêques.

Le château de la Gautrêche, situé à la Jubaudière (49), est acheté le 8 décembre 1966 par le Secours catholique. Le site abritera la Maison du Divin Paraclet, un maison de repos pour les prêtres en difficulté, jusqu'au début des années 80.

 

Le château de la Gautrêche, situé à la Jubaudière (49), est acheté le 8 décembre 1966 par le Secours catholique. Le site abritera la Maison du Divin Paraclet, un maison de repos pour les prêtres en difficulté, jusqu'au début des années 80.

 

Elles ont étonnement disparu de la mémoire collective. Même l’actuel président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a reconnu lors de son audition devant les membres de la Commission Sauvé en novembre 2019 n’avoir découvert leur existence « qu’en remontant le fil historique d’un dossier récent ». Elles, ce sont les cliniques pour prêtres en difficulté. En France, entre 1965 et 1985, un nombre significatif de prêtres et de religieux atteints de troubles psychopathologiques ont été envoyés dans deux établissements de santé fondés et gérés par l’épiscopat et le Secours catholique : la clinique médico-psychologique de Montjay (Seine-et-Marne) et la Maison du Divin Paraclet à La Jubaudière (Maine-et-Loire). Selon des modalités bien distinctes, les deux centres accueillaient, pour des séjours de courte ou moyenne durée, des clercs souffrant d’alcoolisme, de dépression, de surmenage, de comportements sexuels déviants (fornication, homosexualité) ou encore de pédophilie. Avec un objectif final : les soigner pour les réinsérer dans leur ministère. Notre enquête, à caractère historique, intervient alors que les évêques doivent annoncer de nouvelles décisions dans la lutte contre la pédophilie, lors de leur assemblée de printemps du 23 au 26 mars.

 

1952, la première enquête

Pour retrouver les premières traces de ces cliniques, et comprendre leur origine, il faut remonter au 11 juillet 1952. Dans un rapport de deux pages, l’abbé Marc Oraison, médecin et psychanalyste, dresse les conclusions de la première enquête réalisée, par ses soins, auprès des évêques sur les troubles psychopathologiques dont pourraient souffrir les prêtres. Sur les vingt-six diocèses lui ayant répondu, Oraison recense 26 cas de « pédérastie », 30 d’homosexualité, 45 de fornication et 26 cas d’alcoolisme. Et encore ne sont-ce « que les cas officiels ayant fait scandale, ou ayant provoqué l’action de la justice », s’empresse de préciser Oraison. Cette enquête est en soi un mini-séisme. La très grande majorité des évêques souhaitent alors « très vivement la fondation d’une maison ou d’une organisation un peu similaire, sur le plan psychologique, à celle qui existe déjà pour la tuberculose », relève l’abbé Oraison. « Au lendemain de la guerre, l’inquiétude vis-à-vis de la tuberculose se déplace vers les prêtres à la marge dont les prêtres pédophiles », analyse aujourd’hui l’historien Claude Langlois, auteur de On savait mais quoi ? (Seuil). « « Qu’en fait-on ?», se demandent alors les évêques. »

 

 

Pédocriminalité dans l’Église : il pourrait y avoir jusqu'à 10 000 victimes

Jusque-là inconnu, ce rapport de l’abbé Oraison se trouve aujourd’hui dans les archives de la correspondance de l’abbé Louis Lerée, aumônier du Secours catholique et directeur du Secours sacerdotal de 1951 à 1963.

 

Cité de la Gautrèche.jpg

 



08/10/2021
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